La crise environnementale actuelle impacte de plus en plus les entreprises. Celles-ci doivent anticiper de nouveaux risques, s’adapter à des règlementations plus contraignantes et répondre aux exigences renforcées de leurs parties prenantes sur les enjeux environnementaux et sociaux. La majorité d’entre elles doivent réinventer leur business model et leurs modes de fonctionnement pour s’adapter et réussir leur transition environnementale.
Cette transition ne se fera pas sans les hommes et les femmes qui les composent. Ceux-ci devront acquérir et renforcer leur socle de compétences environnementales et sociales ou « green skills ». L’ensemble des métiers sont concernés. Cet article présente les compétences clés à développer pour réussir la transition environnementale. Il rappelle l’importance des soft skills pour réussir cette transition. Puis, il évoque les compétences environnementales transverses et spécifiques à développer.
Bon à savoir : La transition environnementale est un processus par lequel les sociétés passent d’un modèle de développement pas ou peu durable à un modèle plus respectueux de l’environnement et des générations futures. Les enjeux sont nombreux, complexes et interconnectés : changement climatique, perte de biodiversité, pollution… La transition environnementale a déjà des impacts sur le marché de l’emploi avec la création de nouveaux métiers comme Ingénieur en énergies renouvelables, chief impact officer, référent biodiversité, chef de projet économie circulaire ou encore consultant en efficacité énergétique. On assiste par ailleurs au « verdissement » progressif de l’ensemble des métiers existants au travers de l’acquisition de » green skills « .
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Les 6 soft skills « traditionnelles » : des compétences incontournables pour réussir la Transition environnementale
Le World Economic Forum (WEF) a publié plusieurs rapports soulignant l’importance des soft skills dans le monde du travail. Ces compétences permettent de s’adapter à des environnements complexes et incertains. Les compétences comme « L’apprentissage permanent (apprendre à apprendre) », « la capacité d’adaptation », « le collectif », « la capacité à résoudre un problème complexe» et « la communication » sont ainsi, dormais, placées au cœur de l’employabilité des individus. Elles sont nécessaires pour s’adapter à un changement devenu permanent dont la crise environnementale fait partie. Les soft skills liées à la créativité, à l’intrapreneuriat et à l’innovation seront bien entendu incontournables pour réussir la transition.
Les 4 Compétences transversales Clés pour la Transition environnementale
Compétence 1 : Connaissance des Enjeux Environnementaux
Le premier des green skills à développer est la connaissance des enjeux environnementaux. Comprendre les défis environnementaux et sociaux actuels et futurs est en effet essentiel pour faire évoluer sa manière de travailler et contribuer efficacement à la transition environnementale. Cette compétence concerne l’ensemble des enjeux. Attention à ne pas la limiter à la compréhension du changement climatique et des enjeux carbone. Des thématiques comme la biodiversité, la pollution, la disponibilité des ressources (eau, métaux, …) sont incontournables pour réussir la transition.
Compétence 2 : Vision Systémique
Le deuxième des green skills nécessaire à la transition environnementale est la vision systémique. Il s’agit de comprendre comment les enjeux économiques, sociaux et environnementaux sont interconnectés. Cette compétence permet de prendre en compte l’impact d’une décision sur l’ensemble des parties prenantes. Elle limite le risque de transférabilité d’un enjeu environnemental à un autre ou d’un maillon de la chaine de la valeur à un autre.
Compétence 3 : Réglementation Durable
Le troisième des green skills est la réglementation durable. Comme le souligne Pierre-Alix Binet dans l’étude prospective sur l’évolution des métiers récemment publiée par l’observatoire des métiers de la Banque : « Pour être au rendez-vous de la CSRD, nous avons besoin que l’ensemble des métiers soit formé à la durabilité (taxonomie et finance durable). Les gens doivent avoir le sens, le pourquoi, … Ce n’est pas un acte militant que de se former à la durabilité. Il y a un cadre règlementaire à maîtriser qui est très contraignant. ». Tous les métiers doivent avoir une connaissance basique du cadre règlementaire. La compétence « Comprendre et prendre en compte le cadre réglementaire lié à la durabilité dans son métier » est ainsi essentiel pour encourager les pratiques durables et guider les décisions en matière de durabilité.
Compétence 4 : Prise de Décision Durable
Enfin, le quatrième des green skills à développer au sein des équipes est la prise de décision durable. Il s’agit de prendre en compte les critères environnementaux et sociaux dans ses prises de décision et d’agir pour limiter son impact dans son métier. Cette compétence concerne tout autant la prise de décision stratégique que les choix opérationnels. Chacun est amené à faire des choix au quotidien qui peuvent être lourds de conséquence pour l’environnement.
Les Compétences métiers pour la Transition environnementale : nouvelles compétences & verdissement (green skills)
La transition environnementale va faire émerger de nouveaux marchés. Elle devrait modifier radicalement les modèles économiques de l’industrie, des activités de service et de l’agriculture. Elle requiert et requerra non seulement des compétences spécifiques mais aussi un verdissement des compétences actuelles. L’emploi et la formation ne sont pas une simple conséquence ou une simple variable d’ajustement de la transition environnementale, ils en conditionnent la réussite.
Voici quelques-unes des nouvelles compétences à développer :
1. « Ingénierie environnementale »
Cette compétence englobe l’ensemble des méthodes et outils nécessaires pour évaluer et minimiser l’impact environnemental des produits, services et activités d’une entreprise. Parmi ces méthodes, on peut citer : l’Analyse du cycle de vie (ACV), le bilan carbone ou l’analyse de double matérialité.
2. « Énergies renouvelables et maîtrise de l’énergie »
Les ingénieurs en énergies renouvelables, les chefs de projet photovoltaïque et les consultants en efficacité énergétique sont essentiels pour concevoir et mettre en œuvre des solutions pour produire une énergie propre et respectueuse de l’environnement.
3. « Construction durable et éco-rénovation »
L’habitat est un secteur clé pour la transition environnementale, notamment à travers les nouvelles constructions durables et la rénovation énergétique des bâtiments anciens. Les métiers d’éco-construction se développent rapidement et englobent divers experts tels qu’architecte bio-climatique, chargé d’affaires en performance énergétique des bâtiments et ingénieur en génie climatique.
4. « Gestion des déchets et économie circulaire »
Pour répondre à la nécessité environnementale et économique de repenser nos systèmes de production et minimiser la quantité de déchets produits, les expertises sur la circularité, le recyclage et la gestion des déchets sont de plus en plus recherchées.
Au-delà des nouvelles expertises, de nombreuses compétences métiers vont devoir « verdir ».
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Voici quelques exemples organisés par métier (liste non exhaustive) :
· La conformité, les risques, l’audit et le juridique doivent maîtriser un cadre règlementaire devenu plus contraignant. Ils doivent s’assurer de sa bonne traduction dans le fonctionnement de leur organisation.
· Les fonctions finance et RSE doivent intégrer de nouveaux reporting et améliorer la disponibilité des données publiées. Elles doivent avoir la capacité d’analyser de nouveaux indicateurs.
· Les affaires publiques, la communication et les Ressources Humaines doivent maîtriser le sens et l’incarner auprès des différentes parties prenantes.
· Les équipes IT doivent faire évoluer le système de reporting pour répondre à la CSRD. Elles doivent limiter l’impact de l’IT en adoptant réellement le « Green IT ».
· Les fonctions marketing doivent se doter d’une doctrine qui leur permette de définir ce qu’est une offre verte/responsable.
· Les fonctions commerciales doivent avoir la capacité d’intégrer la dimension durable au dialogue de vente. Concrètement, les commerciaux doivent savoir répondre à des questions comme « Où en être vous dans votre trajectoire bas carbone ? ». Cette compétence demande plus de technicité sur le marché BtoB car de nombreuses entreprises sont concernées par la CSRD (entreprises cotées et entreprises non cotées dépassant 2 des 3 critères suivants : plus de 250 salariés, bilan supérieur à 20 millions d’euros, chiffre d’affaires supérieur à 40 millions d’euros).
Comment Développer les Compétences (green skills) nécessaires à la transition environnementale ?
Pour développer les compétences environnementales, de nombreuses ressources sont disponibles, que ce soit des formations en ligne, des livres, des conférences, etc. Le principal frein à l’acquisition durable de ces compétences est lié à l’ampleur du changement d’habitudes professionnelles qu’il occasionne.
Développer ces compétences nécessite, en effet, un dispositif complet de conduite du changement. Les entreprises l’ont bien compris. Elles sont nombreuses à avoir sensibilisé leurs équipes via des dispositifs comme la « Fresque du Climat » ou les « ateliers 2tonnes ». Ces actions ont permis de donner du sens et d’enclencher une dynamique de changement. Pourtant, beaucoup constatent un « effet soufflet » lié au manque de changement concrets observés au quotidien par les équipes. Cet « effet soufflet » s’observe aussi, malheureusement, dans les entreprises qui ont mis en place des modules métiers ciblés sur les métiers « verdissants » les plus stratégiques (achats durables, green IT, communication durable, finance durable). Comme dans tout dispositif de développement professionnel, la mise en place de dispositifs d’ancrage comme Change For Nature va s’avérer incontournable pour réussir la transition environnementale.
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Que retenir ?
Les entreprises n’ont plus d’autre choix que de s’adapter à la crise environnementale en cours. Elles ne pourront pas réussir cette transition sans les hommes et les femmes qui les composent. Ceci nécessite le renforcement des soft skills traditionnelles, l’acquisition de 4 compétences environnementales transverses et, en fonction des métiers, le développement de nouvelles expertises ou le verdissement des compétences existantes.
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